Dimanche
5 juin 2005
Viviane
et moi sommes arrivés hier à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) chez d’anciens
copains Patrice Verdure
et Marie-Jo.
Le
matin, nous faisons avec Patrice et Marie-Jo une balade sur le port de Binic.
Nous y prenons l’apéritif.
A
15h, après le repas, tous les deux partons pour Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Nous
nous promenons et flânons dans les rues de la vieille ville.
Nous
laissons notre voiture sur un parking gardé devant le port, et, à 18h, nous embarquons
dans un ferry de la compagnie Condor Ferries pour les îles anglo-normandes
(ou îles de la Manche ),
qui sont des dépendances de la
Couronne de GRANDE-BRETAGNE.
Les
îles dépendent directement de la
Couronne britannique : elles sont sous la souveraineté
du duc de Normandie, titre détenu par la monarchie anglaise depuis la conquête
de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant après la bataille de Hastings en
1066. Elles ne font pas partie du Royaume-Uni et n’envoient pas de député au Parlement.
Elles n’ont pas intégré l’Union européenne.
Les
deux bailliages de Jersey et Guernesey jouissent d'une autonomie
interne, sauf pour la défense et la diplomatie. Un lieutenant gouverneur
représente la reine, et un bailli détient le pouvoir législatif, exécutif et
judiciaire.
La
traversée dure une heure et quart. Vue panoramique sur la mer par de grandes
vitres. Nous changeons de l’argent sur le bateau. Jersey et Guernesey frappent
leur propre monnaie en parité avec la livre sterling : la livre jersiaise
et la livre guernesiaise. Mais la monnaie anglaise est acceptée librement.
Nous
débarquons à 18h15 (heure locale) à Jersey.
Nous
prenons livraison d’une voiture de location réservée à l’avance. Volant à
droite, levier de vitesse à main gauche… Plongé immédiatement à la sortie du port dans
la circulation de Saint-Hélier, la
capitale de l’île, je n’ai pas trop le temps de réfléchir à la prise en main.
Ça commence par un rond-point !
Heureusement,
on trouve assez facilement le « Norfolk Lodge », un hôtel un peu
excentré, lui aussi réservé à l’avance.
Après
notre installation à l’hôtel, nous allons faire une promenade à pied à Saint-Hélier.
Ce premier contact se fera sous la pluie. Les rues sont propres, les quartiers
élégants, avec de petites boutiques de proximité et de grandes enseignes.
Mais
la pluie ne faiblit pas. Nous recherchons un restaurant qui soit ouvert, sans
trop choisir. D’une part, nous sommes dimanche ; d’autre part les îliens
sont à l’heure anglaise, et les restaurants ferment tôt. Nous nous retrouvons
dans un genre de pizzeria, sans originalité.
Après
le repas, nous rentrons à l’hôtel. La pluie s’est arrêtée.
Lundi 6 juin 2005
Au
matin, à l’hôtel, merveilleux breakfast anglais, servi en buffet : bacon,
saucisses, œufs, champignons, pommes de terre, tomates cuites…
Nous
laissons la voiture sur le parking de l’hôtel et allons nous balader à pied en
ville.
Depuis
le point de départ le plus facile à repérer, Liberation Square, nous remontons la Mulcaster Street ,
visitons l’église paroissiale : une petite église de granit du XIe
siècle, à l’aspect campagnard et normand. Nous parcourons les rues commerçantes
piétonnes : King Street, Queen Street, la Colomberie.
Sur
Halkett Place, on pénètre dans le superbe marché couvert : déplacé en 1800, reconstruit en grande
partie en 1882, c’est un bâtiment victorien typique, avec son architecture de
colonnes métalliques, de verrières et sa fontaine centrale. Ici, personne
n’interpelle les passants à voix haute. Le calme règne. On y trouve fruits et
légumes, mais aussi fleurs, livres, bijoux, pâtisseries ou sandwichs.
Un
autre marché plus petit et plus ancien, le Beresford Market, est le
marché aux poissons, lui aussi abrité sous une halle de style victorien.
Au
retour vers le port, on parvient à Royal Square, petite place à l’allure
provinciale, pavée et ombragée, plantée de marronniers. Jusqu’en 1751, la place était appelée « le Marchi ». C’était
une place de marché. Des criminels et des sorcières y étaient aussi étranglés
ou brûlés vifs. On y exposait également des prisonniers dans des cages
jusqu’au jour de leur procès.
On
y trouve deux des plus anciens pubs de Jersey. Un imposant bâtiment de granit
abrite le siège du gouvernement des Etats de Jersey et la Cour royale.
De
10h à 12h, nous visitons le musée de Jersey. Situé dans un ancien
entrepôt du XVIIIe siècle, il retrace tout le passé de l’île, ses
traditions et ses industries.
C’est
l’heure de la pause. A Saint-Hélier, on sait tout de suite qu’il est midi. Les
rues du centre ville se teintent de noir. Noir, comme les costumes et tailleurs
stricts des employés des bureaux financiers qui sortent par toutes les portes,
se dispersent dans les différents pubs ou brasseries sans oublier auparavant
d’allumer une cigarette. A l’heure de la reprise, tout ce petit monde
disparaîtra (cf. guide du Petit Futé).
Nous
déjeunons, quant à nous, au « Hector’s fish’n’chips ». La cuisine y
est copieuse. C’est un des meilleurs « fish and chips » de la ville :
poissons en friture et pommes de terre garnies.
L’après-midi,
nous grimpons jusqu’au fort Régent, facilement identifiable grâce à son dôme
blanc inesthétique. Cette gigantesque
forteresse fut édifiée entre 1806 et 1814, car on craignait une invasion des
troupes de Napoléon. Le système défensif comprenait des tours, batteries,
remparts, arsenaux. Tout cela pour rien, car la bataille de Waterloo mit fin
au règne de Napoléon. Les troupes britanniques y demeurèrent néanmoins jusqu’en
1928. Comme on ne savait qu’en
faire, cet immense bâtiment est devenu un grand centre de loisirs. Sur les
remparts, une promenade a été aménagée, d’où l’on jouit d’une belle vue sur le
port, le château Elisabeth et la baie de Saint-Aubin.
« Elisabeth
castle » est un château construit sur un îlot au milieu de la baie de
Saint-Aubin. Il est accessible par un gué à marée basse, une allée dallée
longue d’un kilomètre que nous empruntons depuis le front de mer. Son édification commença en 1590 et dura 10
ans. Bastion royaliste durant la guerre civile, la forteresse dut capituler
devant Cromwell en 1651 après un siège de 50 jours. Les casernes aménagées
en musées illustrent le rôle du château au cours de l’histoire de l’île. De la
cour supérieure, on accède au donjon. Vue superbe.
Avant
de rentrer, nous gagnons par une digue l’ermitage de Saint Hélier sur un
îlot rocheux. Une chapelle y a été édifiée en mémoire de ce missionnaire qui
christianisa Jersey, assassiné par des pirates.
Au
retour, c’est la marée haute. La navette est assurée par un véhicule amphibie
de la
Seconde Guerre mondiale, un des
célèbres DUKW surnommés « ducks » ou canards). Disposant de 6
roues motrices, le véhicule se déplace dans l'eau à l'aide d'une hélice. Impressionnant !
Nous
passons la soirée à Saint-Hélier.
Dans
la rue, nous croisons deux vieux qui parlent entre eux en dialecte français.
Jusqu’au début du XXe siècle,
les îles étaient des territoires de langue française. Aujourd’hui, le
« jèrriais », dialecte normand, ou le français ne sont plus guère
parlés que par les habitants les plus âgés. Les actes officiels sont dans leur
ensemble rédigés en vieux normand ou en français. Mais l’anglais est désormais
la langue officielle.
Nous
faisons halte sur Royal Square dans l’un des plus anciens pubs de Jersey : The
Peirson, du nom du héros de la bataille de Jersey
qui eut lieu sur cette place. Derrière les vitres opaques, à l’intérieur, des
tableaux commémorent cette célèbre victoire anglaise que les Français se sont
empressés d’oublier ! On y déguste une bonne bière, méconnue…
Nous
mangeons ensuite au restaurant de la
Poste , sur King Street. C’est un resto populaire de cuisine
française et méditerranéenne. Nous rentrons à l’hôtel vers 20h.
Mardi 7 juin 2005
Aujourd’hui,
nous entreprenons le tour de l’île en voiture. La journée s’annonce ensoleillée.
D’une
superficie de 115 km², Jersey est partagée en douze paroisses ou communes. En
dehors de Saint-Hélier, il n’existe aucune autre ville.
L’île
est découpée comme un damier par des haies et des routes qui la traversent de
part en part. Les routes secondaires sont des rues, à la toponymie française.
À la campagne, les noms de rue sont le plus
souvent en français ou en jersiais.
Il
s’agit de conduire doucement et prudemment. Les routes rurales sont étroites,
bordées de haies ou de murets. La plupart du temps, il n’y a pas la place pour
deux véhicules. D’inutiles 4x4 énormes de nouveaux riches encombrent les
routes étroites ou les ruelles des villages, arborant leur plaque minéralogique
internationale GBJ. Des règles de conduite particulières s’appliquent.
Les distances sont indiquées en miles et la vitesse est limitée à 40 miles par heure
hors agglomération (60km/h).
Sur
la côte est de l’île (paroisse de Saint Martin), domine le château de Mont Orgueil. Construit
au XIIIe siècle pour protéger l’île contre les Français, il fut
notamment assiégé par Bertrand Du Guesclin pendant la guerre de Cent ans. Après
l’édification de l’ « Elisabeth castle » à Saint-Hélier, il
perdit toute valeur stratégique. Ce château spectaculaire, à flanc de
roche granitique, surplombe le port de Gorey.
A
l’entrée, on accède à trois cours extérieures. Depuis le vieux donjon médiéval
et la terrasse de Sumerset Tower, on a une belle vue sur la côte est de Jersey
et les côtes françaises.
Dans l’enceinte du château, une exposition retrace les grands épisodes de l’histoire de Jersey.
Nous
retrouvons la voiture au village de Gorey, et nous nous dirigeons vers la côte
nord. Dans la nature, dominant la baie de Rozel, on découvre le mégalithe le Couperon. Datant de 2400
avant J-C, c’est une allée basse couverte de sept mètres de long, entourée d’une
enceinte de pierres levées, encore en très bel état de conservation.
Nous
gagnons maintenant le village de Rozel,
un délicieux petit port niché dans le creux d’un vallon boisé, bordé de maisons
de pêcheurs aux couleurs pastel. La mer est à marée basse, les bateaux sont
échoués sur la grève.
Nous
dégustons des sandwichs au crabe, attablés au soleil à l’extérieur d’une devanture
toute simple : Hungry Man, une célébrité locale.
Lorsque
nous quittons le village, la mer remonte et les bateaux sont à nouveau à flot.
Au
nord-ouest de l’île, maintenant, la petite paroisse de Saint Mary. Le littoral
est bordé de falaises et de grottes d’une grande beauté. La grève de Lecq est
une petite plage agréable cernée par les falaises. Quant à Devil’s hole (le Trou du diable), c’est
un gouffre à flanc de falaise que l’on atteint par un chemin qui descend en
pente raide.
Au
début du parcours, une très kitch statue d’un diable dont les pieds à sabots
trempent dans une mare verdâtre…
Tout-à-fait
à l’ouest, la paroisse de Saint Ouen. En cours de route, nous faisons halte à « Treasures
of the earth », exposition de minéraux et de moulages de dinosaures,
et atelier d’orfèvrerie qui fabrique des bijoux sur mesure. Et surtout,
évidemment, des tonnes de souvenirs à vendre…
Longeant
le très champêtre hippodrome de Jersey, nous atteignons la pointe nord-ouest de
l’île où se situe le château de Grosnez,
au sommet des falaises.
Il
n’en reste que quelques ruines (une porte en ogive, des restes de remparts et
de mâchicoulis). Ce qui est splendide, ce sont les landes, couvertes de genêts
et battues par les vents.
La
balade à pied est somptueuse, tout comme la vue sur Plémont Bay, une crique qui
protège une des plus belles plages de l’île.
Nous
rentrons à Saint-Hélier par la route des Moulins. La voie, encaissée,
forestière, est très agréable. Dans les prés, nous apercevons quelques vaches
de race jersiaise, brunes, de petite taille, affublées de grands yeux
sympathiques. La Jersiaise est une des fiertés de l’île. C’est une
race laitière, l’une des plus anciennes du monde, et la seule autorisée à
Jersey. Malgré le succès de la race,
le temps glorieux des bovins est aujourd’hui révolu. La spéculation financière
s’avère plus rentable… Jersey est
un paradis fiscal qui attire les fortunes du monde entier.
Nous
passons la soirée dans les rues de Saint-Hélier.
Au
cœur de la ville, un bel hommage est rendu aux vaches : sur une place,
autour d’un abreuvoir, les statues de trois vaches et leur veau se désaltèrent…
Actuellement,
une exposition de dessins et peintures sur les façades traite du même thème. On
y rencontre aussi une étrange sculpture : une colonne surmontée d’un
crapaud, qui est l'animal national du pays.
Les Jersiais sont surnommés par leurs
voisins insulaires les « crapauds » parce que l'on en trouve à Jersey
et pas dans les autres îles de la Manche. Les Jersiais
se vengent des Guernesiais en les traitant d'ânes.
Sur
Royal Square, c’est l’heure de la sortie des bureaux. La terrasse du pub “The
Cock and the Bottle” est pleine de monde.
Nous
retournons au pub voisin, The Peirson, pour y boire une pinte de bière
« draught » (à la pression). Le pub propose également des plats. Nous
resterons donc sur place pour dîner. Vers 21h, nous rentrons à l’hôtel.
Mercredi 8 juin 2005
Au
matin, nous faisons encore une balade en voiture dans l’île. Nous visitons le
site mégalithique de la Hougue Bie
(paroisse de Grouville, au sud-est de l’île).
C’est
un très beau monument néolithique funéraire, un dolmen à galerie sous un
tumulus qui daterait de 3800 avant J-C. Claustrophobe, Viviane ne s’aventure
pas avec moi dans le tombeau.
Sur
la longue butte, se dressent deux chapelles médiévales. La Hougue Bie est donc un
sanctuaire païen sur lequel fut érigé un sanctuaire chrétien. Aux abords, a été reconstitué un campement
néolithique. Pendant la Seconde Guerre
mondiale, les Allemands ont aménagé un bunker souterrain sous la butte. C ’est aujourd’hui
un musée d’archéologie et de géologie, et un mémorial pour les victimes de
l’Occupation.
Il faut savoir que les îles anglo-normandes
furent les seuls territoires dépendants de la Couronne britannique
occupés par l'Allemagne durant la Seconde
Guerre mondiale. Ce fut une période de souffrance pour les
îliens. La fortification des îles faisait partie du projet de construction du
mur de l’Atlantique. De nombreux musées ou bunkers à l’abandon rappellent cette
période de l’histoire.
De
retour à Saint-Hélier, nous flânons dans les Jardins de la Mer , un jardin
maritime ; nous arpentons les jetées qui protègent la marina et ses yachts
impressionnants. Sur le port, nous rendons la voiture à l’agence puis prenons
une collation dans un café en attendant l’embarquement.
De
12h45 à 13h45 : traversée en ferry vers l’île de Guernesey.
A
l’arrivée à « St.Peter Port harbour », nous prenons en charge une
voiture de location. Les immatriculations sont spécifiques au bailliage de
Guernesey et les plaques internationales de même : GBG. On nous remet un
prospectus sur les règles de conduite spéciales.
Fort
de toutes ces informations, je prends le volant pour gagner l’hôtel que nous
avions réservé par correspondance. C’est un agréable manoir champêtre, situé à
quelques kilomètres de là, dans la paroisse de Saint-Martin, en pleine campagne
(si l’on peut dire !).
Après
notre installation, nous retournons à Saint
Peter Port, la capitale du baillage de Guernesey. La ville est pleine de
charme. Des raidillons, des ruelles, des escaliers. Nous parcourons le centre
commerçant (High Street, le Pollet, les Arcades). On y
trouve des bijoux faits main et les tricots de Guernesey. Quant au vieux
quartier, il est particulièrement riche en magasins d’antiquités et de
curiosités. Mais, comme à Jersey, les enseignes de banque sont omniprésentes. Tout comme Jersey, Guernesey est un paradis
fiscal. Les taxes et impôts particulièrement bas par rapport aux autres états d’Europe y attirent pas moins de 80
banques internationales.
Dans
le quartier du port, groupées autour des quais et de l’église paroissiale, des
petites rues tortueuses offrent l’occasion de faire du lèche-vitrines ou
invitent à se reposer dans un pub. Ce que nous faisons, à Albion House, près de
l’église paroissiale. Je goûte à la « Guernsey brewery », une bière
brassée sur l’île. Nous mangeons dans un petit restaurant sur le front de mer,
en face du port. Ambiance marine pour touristes !
Par
la suite, nous parcourons toute l’île en voiture jusqu’à 21h. Les distances
sont tellement courtes ! Avec 60 000 habitants sur 63 km², Guernesey
possède la plus forte densité de l’archipel. La population est si bien répartie
que la campagne est uniformément gagnée par les habitations et par les serres
de légumes et de fleurs. La vitesse maximale est fixée à 35 miles à l’heure. Les
routes sont si étroites, bordées de hautes haies ou de murs en granit…
Aux
intersections, les routes perdent leur priorité. Les zones sont quadrillées,
avec les mots « filter in turn » sur un panneau ou sur la route
elle-même. Les véhicules doivent passer à tour de rôle. Intéressant, à
condition que l’on ait compris le système !
Jeudi 9 juin 2005
Même
petit déjeuner copieux qu’à Jersey. Le beurre a ici une couleur jaune vif ou
oranger due au lait très riche de la vache guernesiaise. Si les jersiaises ont le nez noir, les vaches de Guernesey ont le nez
rose et sont plus grandes…
A 8h30,
nous sommes à nouveau à Saint Peter Port.
Nous
visitons l’église paroissiale. Tout près de là, les French Halles sont
en pleine rénovation…et en voie de disparition ! En effet ce marché, autrefois le
cœur de la vie locale, risque de devenir un hall de vente de souvenirs et
d’artisanat pour touristes. A suivre…
Nous
traversons le vieux quartier jusqu’au Trinity Square. La petite église
date de 1789, la vieille pompe de 1876. Un soleil qui peine à réchauffer
l’atmosphère matinale brille à travers les feuilles des platanes sous lesquels
des bancs de granit sont installés.
Grimpant
par des ruelles vers le haut de la ville, nous longeons les murs de granit de la Cour royale de Guernesey.
C’est le siège du Parlement et du palais de justice, également le bureau du
bailli. On profite aussi du passage devant le bureau de poste principal pour
aller acheter des timbres-poste de Guernesey à ramener à notre ami Serge.
A
10h15, nous embarquons pour une traversée en bateau jusqu’à l’île d’Herm.
La
vue sur Saint Peter Port qui s’éloigne est séduisante : bâtie à flanc de
colline comme un amphithéâtre, la ville s’étage doucement tout autour du port.
La traversée dure vingt minutes.
On
débarque à Herm Harbour, un port aménagé au XIXe siècle.
Herm est la plus petite des îles du
baillage de Guernesey. Sa superficie est de 1,8 km². Elle compte actuellement
56 habitants permanents.
Propriété de la Couronne britannique,
l’île fut donnée en location par les « states » de Guernesey à Peter
et Jenny Wood en 1949, pour un bail de 100 ans. Ils sont enterrés sur Herm où
l’on peut voir leur sépulture. Une de leurs filles, Pennie, mariée à Adrian Heyworth,
a repris l’affaire familiale avec la même passion que ses parents. Le couple
a trois filles qui ont grandi sur Herm.
On
aborde sur un autre monde. Un véritable paradis. Nous parcourons l’île à pied. Il n’y a pas de
voitures - elles ne sont pas autorisées dans l’île -, pas de routes goudronnées,
mais seulement des chemins et quelques tracteurs. Faune et flore sont protégées.
A
côté du port, se trouve Harbour Village. Longeant un camping, le chemin
s’éloigne vers le nord, sinue à travers la lande.
Nombreuses
tombes néolithiques. Tout à fait au nord, se dressait un menhir, la « Pierre
aux rats », qui fut la proie des carriers et qui a fini à Londres en
pièces détachées. Il n’en reste qu’un obélisque maçonné qui sert de repère aux
pêcheurs.
Au
nord de l’île on trouve de longues plages de sable fin. Shell Beach est la plus
célèbre. A l’extrémité nord-est, elle est couverte de débris de coquillages
accumulés à chaque marée. Viviane arpente la plage à la recherche de quelques
raretés.
A
l’est, au-dessus d’une petite plage au creux d’une baie, Belvoir Beach, un
stand fait office de snack-bar où nous allons nous restaurer sommairement de
hot-dogs sous des parasols.
Au
sud, les falaises surplombent la mer, où nichent en particulier le macareux moine
et le cormoran huppé.
On
rentre par les prairies verdoyantes du centre de l’île. De part et d’autre, on
jouit de magnifiques points de vue sur la mer.
La
plupart des habitations y sont situées. On descend vers une chapelle normande
du XIe siècle, Saint-Tugual’s chapel, restaurée par les locataires
actuels de l’île, les Wood. Le Manoir, une demeure du XVe siècle,
ancienne propriété de la couronne d’Angleterre, est leur résidence. Le magasin
du village fait office de poste, d’épicerie et de boutique de souvenirs.
Il
est 14h. C’est marée basse. Un tracteur attelé d’une charrette transporte les
bagages des résidents de l’hôtel vers l’embarcadère de Rosière Steps, à 500 mètres au sud du
port, moins exposé aux aléas de la marée.
De
14h55 à 15h30, nous rentrons en bateau à Guernesey.
A
Saint Peter Port, de 16h à 17h, nous visitons Hauteville House, la
maison d’exil de Victor Hugo.
En 1852, Victor Hugo, qui s’était exilé
de France à la suite du coup d’Etat du 2 décembre 1851, s’installa à Jersey. Devenu
indésirable pour avoir pris à partie la reine Victoria , il
en fut expulsé et partit s’établir à Guernesey, moins royaliste que sa voisine.
Il acquit cette maison en 1856 et s’y installa avec sa femme et ses trois
enfants. Il y restera pendant 15 ans, jusqu’en 1870. Là, son
imagination vibrera au spectacle de la mer et des côtes de France dans le
lointain.
Visite
guidée en français. La décoration de la maison est l’œuvre de l’écrivain
lui-même, poussé par une imagination débordante. Elle repose sur le contraste
et le foisonnement organisé. Un rez-de-chaussée sombre et lourd, des étages de
plus en plus lumineux jusqu’à son cabinet de travail. Etrange, délirant ! On
en sort abasourdis.
Nous
parcourons ensuite en voiture le nord de l’île, jusqu’à Cobo Bay, une belle plage sur la côte opposée à la capitale. Nous buvons
un pot et mangeons sur place, en face de la mer dans un restaurant aux baies vitrées,
alors que le jour baisse sur les îlots rocheux et les barques de pêche.
Nous
rentrons à l’hôtel vers 20h30.
Vendredi
10 juin 2005
Au
matin, nous reprenons la voiture pour nous diriger vers le nord de l’île. On
passe à Saint Sampson, ville portuaire très industrielle surmontée d’une
cheminée de centrale électrique fort peu esthétique, où la plus ancienne
église de l’île a du mal à respirer...
Parvenus
à L’Ancresse Bay, au nord-est de
l’île, nous nous promenons à pied vers le fort Le Marchant, sur la lande, en longeant
un superbe paysage côtier.
Nous
sommes surpris de voir les promeneurs ramasser les crottes de leurs chiens,
même en pleine nature. Impensable en France !
Sur
la lande, l’architecture des fermes et cottages rappelle parfois la Bretagne.
Influence
du granit, mais surtout de l’immigration massive saisonnière des Bretons au XIXe
siècle, qui sont à l’origine des nombreux noms de famille à consonance
française que l’on trouve encore sur les îles de la Manche.
De
retour à Saint Peter Port, sur le haut de la ville, nous allons visiter le musée
de Guernesey. On y découvre un résumé du passé de l’île, ainsi qu’un aperçu
de son architecture, de sa géologie, de sa faune et de sa flore.
Nous
mangeons au « Dix neuf », une brasserie agréable proposée par le
Petit Futé et située dans une des rues piétonnes près de l’église. Les
serveuses sont jeunes et jolies, la cuisine est à notre goût !
A
13h15, c’est le départ de Guernesey en ferry.
Sur
le bateau, une boutique duty-free nous permet de nous débarrasser de nos livres
guernesiaises, à l’exception de quelques billets pour un copain numismate d’Alexia.
Livres jersiaises et guernesiaises ne
sont pas négociables en dehors de leurs frontières. Elles ne peuvent être ni
utilisées ni échangées.
Nous
débarquons à Saint-Malo à 16h (heure française).
Nous
récupérons notre voiture et entamons notre trajet de retour. Nous arrivons à la
maison, au Menoux, dans l’Indre, vers 22h30.
*****
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