Au matin, nous visitons la forteresse de Sagres. Il reste peu de traces de toute l’activité de ce grand lieu de l’Histoire. Dans la cour, une immense rose des vents dessinée sur le sol est laissée à l’abandon. Au XVe siècle, l’infant Henri le Navigateur y installa son école de navigation. C’est ici qu’une équipe de savants, géographes, marins et astronomes prépara les grandes expéditions maritimes du Portugal.
Les remparts restants, bâtis selon les principes de Vauban, datent du XVIIIe siècle. Un affreux crépi défigure la forteresse.
Construit sur un promontoire rocheux, c’est surtout le site qui est impressionnant.
Nous faisons une balade sur la lande au-dessus des falaises. Le paysage est dépouillé, sauvage, parcouru par des goélands criards.
Vers midi, nous mangeons à Sagres sur la terrasse du restaurant Tasca, surplombant le port de pêche et les bateaux en cale sèche : poissons et fruits de mer.
L’après-midi, nous traversons l’Algarve le long de la côte atlantique en direction de l’est.
C’est une région de tourisme de masse. Concentration de gens, usines à loisirs, bétonnage.
Mais il reste l’ocre des falaises, le blanc de la chaux qui badigeonne les murs des maisons de pêcheurs. Petites villes et charmants villages dont les toits aux cheminées ouvragées rappellent la lointaine présence sarrasine. Des maisons aux toits en terrasse évoquent l’Afrique du Nord.
On passe à Faro, Tavira. On atteint Vila Real de Santo António. C’est la ville de la frontière, point de passage pour traverser le rio Guadiana, le fleuve qui sépare le Portugal de l’Espagne.
On entre en ESPAGNE à 17h35 - heure espagnole - par Ayamonte.
Nous sommes maintenant en Andalousie, sur la Costa de la Luz. Villages blancs, terre rouge, ciel désespérément bleu ! Malheureusement, comme le Portugal, l’Andalousie a saboté une partie de sa côte.
Nous nous dirigeons vers Punta Umbría, un village séparé du port et de la zone industrielle de Huelva par une longue pointe de terre gagnée sur les méandres des rios Odiel et Tinto. C’est du petit port de Palos de la Frontera que Christophe Colomb partit à la découverte de la Chine.
Pour ce soir, nous faisons halte au camping Playa La Bota, un grand camping aux emplacements harmonieusement insérés dans la verdure.
A la tombée de la nuit, nous faisons une petite balade à pied. Nous traversons un cordon dunaire protégé pour atteindre la plage, superbe et déserte. Viviane ne résiste pas au plaisir de marcher pieds nus sur le sable…
Vendredi 27 septembre 2002
Nous quittons le camping vers 10h45.
Nous empruntons une petite route le long de la côte vers le parc national de Doñana.
Classé depuis 1969 par l’Unesco réserve de la biosphère et patrimoine de l’humanité, le parc national est un des plus grands sites naturels protégés d’Europe, situé sur la rive droite du Guadalquivir au niveau de son estuaire sur l'océan Atlantique. Les milieux naturels y sont extrêmement variés et l'on peut passer en quelques kilomètres de dunes, tantôt stables, tantôt mobiles, à des marais secs ou humides. Les maquis boisés de chênes-lièges ou d'oliviers contrastent également avec les lagunes à faible niveau d'eau. C’est un paradis d'hivernage pour plus de 500 000 oiseaux d'eau ainsi que le dernier refuge du lynx ibérique.
Le parc national est entouré d’un parc naturel jouant le rôle de zone-tampon. Il est largement plus accessible et rassemble des milieux de haut intérêt : matorral, somptueuses dunes stabilisées, vastes pinèdes, zones agricoles inondables.
Nous y faisons une incursion. Les dunes rendent Viviane d’humeur batifole…
Quittant le parc, nous faisons route vers le nord. L'agriculture intensive est devenue une nouvelle menace. Epuisement des sols, assèchement des zones humides, empoisonnement chimique. Le parc est en effet maintenant environné par 5000 ha de culture industrielle de fraises, dont une grande partie exportée vers la France.
Dans l’après-midi, nous nous dirigeons vers Séville. Plutôt galère pour trouver un camping. Le Routard nous indique le camping Villsom à Dos Hermanas, à 12km au sud de la ville. Après quelques difficultés pour le trouver, on y arrive vers 15h.
Par la suite, nous prenons un bus pour nous rendre à Séville.
La chaleur est encore intense.
C’est le cœur de l’Andalousie. Du départ de Christophe Colomb en 1492 à l’exposition universelle de 1992, Séville a fait sa place dans l’histoire, cité phare où les cultures chrétienne et musulmane ont vécu en cohabitation.
Nous parcourons le vieux quartier historique Santa Cruz.
L’Alcázar, sur la plaza del Triunfo, est un joyau architectural.
Curieusement, ce chef-d’œuvre ne fut pas construit par les Arabes mais par les conquérants chrétiens qui copièrent le style de leurs prédécesseurs. C’est ce qu’on appela le style mudéjar. Isabelle la Catholique et Charles Quint y vécurent.
De l’autre côté de la place, la cathédrale et la Giralda. Comme beaucoup d’autres édifices catholiques de la région, celui-ci fut bâti sur l’emplacement d’une mosquée, en l’occurrence celle des Almohades. De cette époque ne subsistent que la Giralda et quelques murs. La Giralda est la grande tour superbement sculptée qui domine la cathédrale. C’était autrefois le minaret de la grande mosquée. Les catholiques ne l’ont pas abattu, bel exemple de la cohabitation qui existait aux XIIe et XIIIe siècles entre chrétiens et musulmans.
Indications d’horaires fantaisistes. C’est déjà fermé !
Des gitanes essayent de vous racketter en échange d’un œillet qu’elles vous placent de force à la boutonnière…
Nous allons maintenant nous perdre au hasard des belles rues tortueuses du barrio de Santa Cruz .
Ruelles pavées, places bordées d’orangers, superbes patios, maisons aux couleurs chaudes ou blanchies à la chaux avec des fenêtres protégées par des grilles en fer forgé, bars à tapas et bars à vin…
Alors que la chaleur décline, nous traversons les jardins de l’Alcázar, témoins du génie arabe ; nous regagnons la plaza de España où nous prenons un bus qui nous ramène au camping pour 19h.
Douceur des nuits andalouses…
Samedi 28 septembre 2002
Départ à 9h du camping, vers le sud de la vallée du Guadalquivir, « campiña » couverte de céréales, de champs de coton, de vignes et d'oliveraies. La plaine du Guadalquivir concentre la culture du coton pratiquée dans de grandes exploitations agricoles. Le cotonnier bourgeonne, porte des fleurs et des fruits en même temps, aussi la récolte dure t’elle plusieurs mois. Le fruit du coton est une capsule à cinq loges, masses d’ouate formées par l'enchevêtrement des fibres des graines. La récolte se fait à maturité des fruits lorsque les capsules éclatent et libèrent les fibres. Je m’arrête en bord de route pour cueillir un de ces fruits d’ouate que nous ramènerons à la maison.
Nous sommes également dans une partie de la vallée où sont élevés les taureaux de combat, pour les rites barbares de la corrida…
Nous faisons halte à Sanlúcar de Barrameda à l’embouchure du Guadalquivir, sur sa rive droite. On stationne au bord du fleuve. J’essaie d’observer des oiseaux mais on n’est pas vraiment sur la bonne rive…
Poursuite du trajet vers le sud, sur la Costa de la Luz. Nous passons au large de Cádiz (Cadix), contournons Tarifa. Nous avons atteint le détroit de Gibraltar.
Nous traversons Algeciras (ville sans intérêt, désolante et glauque). C’est le grand port vers le Maroc. Sur les collines environnantes, des champs d’éoliennes à foison…
A 15h, nous arrivons à La Línea de la Concepción, ville-frontière avec Gibraltar.
Nous garons le fourgon sur une grande avenue près de la frontière et entrons à pied à Gibraltar, colonie du ROYAUME-UNI, un territoire de 6 km².
Gibraltar fut le premier point de la conquête musulmane en Espagne. C’est un territoire d'outre-mer du Royaume-Uni depuis 1704, reliquat de l’ancien Empire britannique.
Les Britanniques ont maintenu dans le passé une présence militaire importante à Gibraltar. Cette présence est à présent réduite, mais il en reste encore beaucoup de traces. Bien que la majorité de sa population y soit opposée, Gibraltar est revendiqué par l'Espagne. La question de Gibraltar est une cause majeure de dissension dans les relations hispano-britanniques.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés y concentrent leur flotte pour débarquer en Afrique du Nord. Sous la dictature franquiste, la frontière est fermée en 1969. En fin de compte, après seize ans de négociations, de résistance et d’isolation, la frontière est rouverte le 4 février 1985 à minuit.
Il est fortement déconseillé d’entrer à Gibraltar en voiture. Pour entrer, pas de problème. C’est pour sortir que ça coince, situation complexe due aux relations entre Londres et Madrid ! Munis de nos passeports, nous passons la frontière. L’espace Schengen n’a pas ici d’application !
Après la douane, des bus rouges à impériale font la navette vers la ville. On est déjà dans l’ambiance ! Nous prenons un bus jusqu’au centre-ville.
La ville de Gibraltar se concentre sous le Rocher, étalée en longueur au pied d’une paroi rocheuse. Sensation étrange. Emotions contradictoires. Il règne ici une curieuse atmosphère. Les voitures arborent leur plaque internationale « GBZ ». Enclave anglaise en terre andalouse, tout rappelle le Royaume-Uni : les bobbies, les pubs et les portraits d’Elisabeth II. Mais l’âme espagnole affleure partout.
La population est issue d’un vaste métissage, d'origine gibraltarienne, britannique, marocaine, espagnole, portugaise, italienne ou indo-pakistanaise. Au moins 70 % de la population sont des Gibraltariens et parlent en principe l'anglais. Les Gibraltariens s'expriment dans la vie quotidienne en « yanito ». Il s'agit d'une langue mixte issue de l'espagnol andalou et de l'anglais. C'est la langue véhiculaire de tous les habitants du territoire (sauf pour les Britanniques).
Nous parcourons la rue principale, « Main Street », qui traverse toute la ville. Des fanions aux couleurs de la colonie bariolent la rue. Les drapeaux de Gibraltar et du Royaume-Uni sont omniprésents. A part cela, il n’y a rien à voir.
Le point culminant du territoire est le Rocher de Gibraltar (rocher calcaire culminant à 426 m). On y accède par un téléphérique. On paye avec la monnaie locale, la livre de Gibraltar (l’euro et la livre sterling sont acceptés). On monte tout d’abord au sommet du rocher. Vue superbe d’où l’on se rend compte de l’importance stratégique du site. D’un côté le détroit légèrement noyé dans la brume, parcouru par navires et barges ; de l’autre la ville en contrebas, coincée entre la mer et le rocher.
Un restaurant, inévitablement, s’est installé sur les lieux.
Deuxième arrêt à mi-chemin à la descente : Apes Den.
La majeure partie du Rocher est une réserve naturelle peuplée par environ 250 magots ou macaques de Barbarie. Amenés par les Arabes au IXe siècle, ce sont les seuls singes vivant à l’état sauvage en Europe.
Nous nous promenons à pied dans la « réserve naturelle » assez sale, il est vrai. Le climat méditerranéen favorise une végétation résistante de garrigue, maquis et pinède. Les singes sont familiers et assez voleurs, tourisme oblige !
Une série de chemins permet d’accéder à quelques sites à pied, notamment un ancien château mauresque, relique de l'occupation maure de Gibraltar, qui a duré 750 ans.
Vue sur le sommet ensoleillé dominant une mer de nuages.
Au retour, dans le téléphérique, Viviane a un malaise, dû à sa claustrophobie. Je l’allonge dans la cabine. Prévenus par téléphone, les secours nous attendent à la gare d’arrivée. Comme elle semble aller mieux, nous déclinons la proposition d’examen à l’hôpital. Les secouristes nous informent qu’il vaut mieux tomber malade ici que de l’autre côté de la frontière, car en Espagne toute intervention est payante !
Nous allons maintenant parcourir la ville : Main Street et les rues environnantes.
Nous nous reposons en prenant un pot sur une place, au nord de la ville, aux abords de Grand Casemates Square, autrefois la place des exécutions publiques. Nous nous dirigeons ensuite vers la frontière. Un dernier aperçu du Rocher avant qu’il ne soit noyé dans la brume.
La vie à Gibraltar n’est pas facile. La ville est malmenée par les vents et la brume. L’humidité se fixe sur le rocher et tombe de plein fouet sur les habitations.
Curieusement, la piste de l’aéroport coupe la route qui se dirige vers la frontière, situation due à l’exiguïté du territoire. Lorsqu’un avion atterrit, le passage est interrompu !
A 18h45, nous rejoignons le fourgon, à La Línea de la Concepción, en Espagne.
En direction de Tarifa, nous faisons une halte à hauteur du Punto del Cabrito. En face, de l’autre côté du détroit de Gibraltar, la côte marocaine et ses sommets ensoleillés.
Tarifa est une petite ville entourée de murailles dont l’atmosphère rappelle l’Afrique du Nord. C’est la ville la plus venteuse d’Europe. Un zef régulier y souffle, faisant le bonheur des véliplanchistes. Nous sommes à la pointe extrême sud de l’Espagne (36° latitude nord).
Nous passons la nuit au camping Tarifa, à 5km au nord-ouest de la ville, ombragé, sous une belle pinède. Accès direct aux superbes plages.
Dimanche 29 septembre 2002
Nous revenons à Gibraltar pour midi. Décidément ! Qu’est-ce qui peut bien nous y attirer ? Les mythes ont la vie dure, dit le GdR.
Le casse-tête : où manger ? N’oublions pas que nous sommes en Angleterre ! Plusieurs snacks et fast-food servent tous le même genre de nourriture. Nous optons pour des « fish and chips » en terrasse d’un restaurant, « The Angry Friar », sous les parasols. Juste en face, devant la résidence du gouverneur, les gardes font leur manège, avec baïonnettes et claquements de talons !
Nous parcourons à nouveau la ville, empruntons quelques rues parallèles à Main Street.
Retour en ESPAGNE.
Nous allons maintenant remonter la côte méditerranéenne de la Costa del Sol jusqu’à Málaga.
La Côte du soleil ! En effet il ne manque pas (à peine 40 jours de mauvais temps par an !). Mais la manne touristique a transformé les petits ports de pêche en marinas, en parkings, et les plages sont devenues des alignements d’immeubles.
Depuis Málaga, nous bifurquons dans l’arrière-pays vers Antequera. Oliviers, aloès, chênes-lièges, chèvres et porcs, ruches, petits potagers : c’est l’Andalousie rurale, loin des circuits touristiques.
Nous atteignons dans la soirée Córdoba (Cordoue).
Nous nous installons à proximité de la ville au camping M. El Brillante, à 19h30, entièrement clos de murs, ombragé par des eucalyptus.
Lundi 30 septembre 2002
Le ciel est couvert ce matin. Tant mieux ! La balade en ville n’en sera que plus supportable.
Ah, Cordoue ! Ville symbole de tolérance, de fusion des cultures, d’harmonie réussie entre religions différentes.
Les Maures en font la capitale d’un vaste empire musulman. Cordoue rivalise par son faste avec Constantinople. Pendant près de trois siècles, une grande harmonie régnera entre les cultures musulmane, juive et catholique. Artistes et penseurs de l’Europe entière affluent à Cordoue. Philosophes, historiens, scientifiques partagent leur savoir.
Au Xe siècle, Cordoue est la cité phare de l’Europe. Puis vinrent les querelles intestines. En 1212, les troupes almohades sont écrasées par celles de Castille, d’Aragon et de Navarre. En 1236, la Castille s’empare de Cordoue. Les musulmans sont alors confinés dans le royaume de Grenade. Le dernier bastion musulman tombe en 1492. Alors commencera l’Inquisition…
Nous débutons notre visite par la tour de la Calahorra, de l’autre côté du pont romain, sur la rive gauche du Guadalquivir. C’est une grosse tour mauresque où a été installé une sorte de musée consacré à l’islam.
C’est Roger Garaudy, ancien membre du Parti communiste français, converti à l’islam, malheureusement négationniste, qui est à l’origine de cette fondation. A l’entrée, un casque à infrarouges avec sélecteur de langues nous est fourni. On parcourt les différentes salles avec les commentaires appropriés : présentation des mouvements de pensée des XIIe et XIIIe siècles espagnols ; discours de Maimonide, Averroès, Ibn al-Arabi, Alphonse X ; grandes inventions qui révolutionnèrent l’histoire ; magnifiques maquettes de l’Alhambra de Grenade et de la Mezquita de Cordoue. Les textes de Garaudy, exposant sa conception religieuse, sont poétiques, lyriques, émouvants. On en ressort tout chamboulés.
Sur la rive droite du fleuve, la Mezquita (mosquée-cathédrale) est un joyau architectural. On pénètre dans une incroyable forêt de colonnes de marbre. Il en subsiste 856.
Abd al-Rahman Ier racheta en 784 la basilique Saint-Vincent pour construire la plus grande mosquée du monde islamique. Son successeur l’agrandit de huit nefs transversales. Au XIIe siècle, on ajouta douze nefs.
On erre au milieu des colonnes. Le regard joue avec les perspectives et les alignements. Sensation d’infini…
Cœur de la mosquée, sommet du baroque arabe, le « mascura » est l’espace situé devant le « mihrâb », lieu le plus sacré de l’édifice.
Et, au centre, une cathédrale ! Erigée par Charles Quint au XVIe siècle (qui l’a regretté amèrement par la suite), elle jure au milieu de la Mezquita. On peut se consoler en pensant que sa construction a peut-être évité la destruction de la mosquée. Transept chargé contrastant avec la sérénité de l’architecture arabe : concentration de tous les styles de l’époque (gothique, Renaissance, plateresque et baroque). On peut y admirer de belles stalles sculptées en bois de Cuba.
Nous sortons de la Mezquita, époustouflés, par la cour des Orangers. Ces orangers auraient été plantés à l’époque d’Isabelle la Catholique. On aperçoit encore les canaux d’irrigation creusés par les Arabes.
On se balade maintenant dans la Judería, ancien ghetto juif, le quartier le plus ancien de la ville qui entoure la mosquée. Nous mangeons d’excellents tapas, dans un patio, à la « casa Pepe de la Judería » (une adresse dénichée dans le Routard).
On se perd encore dans le quartier : venelles biscornues aux façades blanches, ruelles ornées de pots débordant de fleurs et de plantes.
La plaza de la Corredera est entourée d’immeubles avec bodegas. C’est déjà l’Orient.
Nous terminons la journée par une promenade sur les quais du Guadalquivir. On longe une multitude d’îles avec de vieux moulins arabes parmi les lauriers roses.
Nous sommes de retour au camping à 18h30.
Mardi 1er octobre 2002
Nous quittons Cordoue dans la matinée.
Le temps se gâte. C’est une pluie battante qui s’abat lorsque nous faisons halte pour manger à l’intérieur du Boxer.
L’après-midi, nous quittons l’Andalousie au défilé de Despeñaperros, immense canyon tortueux dans la serra Morena.
La communauté autonome de Castille-La Manche est l'héritière de la région historique de Nouvelle-Castille.
La Mancha est un pays plat et austère, à l’image de Don Quichotte, le héros de Cervantès.
Nous allons parcourir la Mancha sur la « route de Don Quichotte » et son serviteur Sancho Pança, hors de sentiers battus :
- Argamasilla de Alba. La cave de Medrano est l’étrange prison où Cervantès aurait été détenu lorsqu’il entama son Don Quichotte. Version contestée. De toute façon, ce centre culturel est fermé. Il ne rouvre qu’à 17h. Nous sommes en Espagne !
- Puerto Lápice. C’est dans l’auberge de ce village que Don Quichotte aurait été fait chevalier, sous le surnom du « chevalier à la Triste Figure », par le tavernier qu’il avait pris pour un grand seigneur. La « Venta del Quijote » est un truc hyper-touristique. Un bus est d’ailleurs stationné devant le site. L’endroit reste pourtant assez sympathique. Sculpture en fer forgé de l’hidalgo dans la cour de l’auberge, joli patio entouré de galeries, immenses cuves à vin blanc dans la salle de la bodega.
- Consuegra. Petite ville pittoresque au pied d’une colline, également connue pour sa production de safran.
Superbe alignement de moulins à vent, joliment restaurés, baptisés de noms tirés du roman de Cervantès, aux abords d’un château fort du XIIIe siècle. On comprend pourquoi cet amoureux fou, pourfendeur de moulins, a pu les confondre avec une armée d’ennemis.
Nous visitons l’un de ces moulins qui abrite un office du tourisme. Belle vue sur la plaine environnante. Ciel gris un peu désolant.
- Campo de Criptana. La colline est couverte de moulins. Dans les villages de la Mancha, on discute encore pour savoir si Don Quichotte est passé par là et si les moulins du coin ont été ses adversaires…
- El Toboso. Au cœur de l’imaginaire de Cervantès.
C’est un village au cachet ancien, qui a inspiré le personnage de la Dulcinée du Toboso, la dame de cœur de l’hidalgo. Des citations de Don Quichotte fleurissent sur les murs du village. On peut même visiter la maison de Dulcinée ! Sur la place centrale, deux statues en fer forgé représentent Don Quichotte agenouillé aux pieds de Dulcinée.
Le soir, nous stationnons sur une colline à côté des moulins à vent de Mota del Cuervo. L'ensemble des moulins à vent qui flanque le village en haut de la colline se distingue par sa majesté. C’est un balcon duquel se penchent les moulins vers le vaste horizon. Nous allons passer la nuit, isolés, sur cette colline aride. L’ombre de Don Quichotte plane encore dans nos esprits...
Mercredi 2 octobre 2002
Le matin, nous sillonnons en voiture Belmonte, vieux village fortifié aux maisons blanches et aux ruelles étroites.
Don Quichotte y triompha pour une fois du chevalier aux Miroirs qui avait eu le front de soutenir que sa Casildée était plus belle que Dulcinée !
Nous entreprenons notre trajet de retour : nous quittons la Mancha, traversons l’Aragon et nous rejoignons la route par laquelle nous sommes arrivés il y a deux semaines. Peu à peu la végétation change. Contournant Saragosse, nous arrivons en Catalogne par Lérida.
A 18h45, nous atteignons le camping où nous avions passé la nuit il y a deux semaines, près d’Artesa-de-Segre. Il n’y a plus aucun campeur. La brume monte dans le sous-bois.
Le restaurant du camping, par contre, est encore ouvert. Nous y mangeons des grillades, préparées au feu de bois pour nous seuls.
Jeudi 3 octobre 2002
La chaîne des Pyrénées s’impose en toile de fond.
Nous roulons jusqu’en ANDORRE.
La première constitution de l'Andorre a été adoptée par référendum le 14 mars 1993. Cette adoption consacre de fait l'indépendance du pays et son entrée à l'Organisation des Nations Unies. L'Andorre devient une coprincipauté parlementaire, héritage lointain du paréage de 1278 entre l'évêché d'Urgell et le comte de Foix.
A 11h45, nous faisons halte pendant une heure à ANDORRA-LA-VELLA.
Nous parcourons à pied l’avenue Meritxell, une des deux avenues principales de la conurbation.
En 2002, les pièces et billets libellés en francs français ou pesetas espagnoles ont été remplacés par l’euro, la nouvelle monnaie officielle de facto en Andorre. La Principauté d'Andorre ne dispose d'aucun accord monétaire bilatéral avec l’Union européenne pour son usage de l’euro, contrairement à Monaco, à Saint-Marin et au Vatican.
Nous retournons en Espagne, jusqu’à La Seu d'Urgell.
La Cerdagne est partagée entre la France et l’Espagne. Ça date de 1660…
Nous longeons la serra del Cadi, faisons une halte pour manger dans le Boxer.
C’est à Puigcerdà, petite capitale de la Cerdagne, que nous passons en France.
Nous arrivons à 18h40 chez nos amis Claudine et Raymond, à Ceyras, dans l'Hérault. Nous y retrouvons notre chien Oscar. Nous serons de retour à Argentat, en Corrèze, samedi 5 octobre après 5800 km de voyage.
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